Portrait d’Ophélie Decle, professeur de flûte traversière

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Selon ses propos

“J’ai commencé la musique à 6 ans à l’école de musique de La Côte Saint André (Isère). C’est tout naturellement que j’ai choisi la flûte traversière : ma grande sœur en jouait déjà, ça me plaisait, je me souviens que j’étais très enthousiaste, j’attaquais mes exercices, pourtant parfois rébarbatifs, avec une grande envie !

J’aimais beaucoup aller à l’école de musique, j’y suis allée de mes 6 ans à mes 17 ans ! Les cours de flûte me plaisaient, parce que j’adorais jouer, j’aimais beaucoup mes professeurs ( Agnès Crétinon et Valérie Morin), j’avais souvent cours avec une amie, c’était des bons moments ! Plus largement j’aimais l’autonomie qu’on avait sur place, on se retrouvait entre enfants ou ados, prenant le goûter entre le cours d’instrument et de solfège, traînant ensemble avant l’orchestre d’harmonie.

Je garde de très bons souvenirs des ensembles auxquels j’ai participé durant cette période, que ce soit l’orchestre d’harmonie et ses répétitions hebdomadaires, ou les projets ponctuels en ensemble de flûte traversière ou même de percussions. Là encore j’étais enthousiasmée par le fait de jouer de la musique avec les autres ! Aujourd’hui dans ma pratique d’enseignante je trouve ces projets qui rassemblent les élèves précieux, et j’ai été ravie de diriger l’orchestre d’amateurs et d’élèves du Bugey qui accompagnait Des Fourmis dans les mains en 2019.

Parallèlement à ce cursus j’ai eu la chance de découvrir les musiques traditionnelles avec des ami·es musicien·nes. Le répertoire était facile à apprendre par cœur, c’était agréable à jouer, je me rends compte aujourd’hui que c’est un répertoire très vaste et qu’ils avaient très bien choisis les morceaux ! Je m’étais sentie si fière lorsqu’on était allés jouer sur le marché !

Après mon bac, je suis allée étudier la psychologie à Grenoble et je suis entrée au Conservatoire. Ce n’était pas toujours facile de faire les deux, mais c’est à cette époque que j’ai appris à vraiment travailler mon instrument, et après avoir obtenu ma licence de psychologie et mon certificat de fin d’études de flûte traversière, j’ai décidé de prendre un an pour ne faire que de la musique. J’ai emménagé près de Chambéry, avec des amis musiciens au conservatoire de Chambéry.

J’y ai rencontré une ouverture culturelle qui m’a beaucoup plu, tant au niveau des professeurs que des élèves. J’y ai pris des cours de jazz, de musiques actuelles, de musique contemporaine, d’écriture , j’ai participé aux différents orchestres que l’établissement proposait et j’ai terminé mon cursus en flûte traversière classique en obtenant mon Diplôme d’Etudes Musicales.

La plupart des musiciens et des musiciennes avec qui je joue aujourd’hui, je les ai rencontrés à Chambéry !

Voilà 8 ans que je suis intermittente du spectacle. J’ai joué pendant une douzaine d’année dans la fanfare Danguba, (musique des balkans) et cette expérience m’a appris beaucoup sur le métier de musicienne. Nous nous sommes produits avec ce groupe dans de nombreux lieux, très variés : des fêtes populaires, des salles communales ou de spectacle, des centres sociaux, des festivals… Nous avons sillonné toute la France et une partie de la Suisse, et nous avons rencontré beaucoup de gens, d’organisateurs·trices, publics mélomanes, et d’autres musicien·nes notamment ceux de Slonovski Bal et ou de l’Orkestar Salijevic… Nous avons enregistré également un album, d’Est en Ouest, pour lequel j’ai écrit plusieurs morceaux.

Dans mon métier aujourd’hui ce qui me plaît c’est de jouer dans des groupes d’esthétiques différentes, dans des lieux variés et pas forcément dédiés à la musique.

Cette année je monte avec mon groupe Les Lointains, un spectacle autour des souvenirs de bals, où l’on utlise la voix parlée enregistrée, issue d’entretiens ou d’archives familiales.Ce sont des compositions et des réinterprétations d’airs traditionnels qui habillent les propos. Nous avons été accueillis par Val’Muse en résidence en avril, et la première du spectacle aura lieu à Belley en décembre ; nous avons la chance d’être soutenus par le département dans cette création.

Actuellement je joue aussi avec Dimitri Saussard à l’accordéon, notre Duo Astreos interpréte des musiques orchestrales de la fin du 19ème siècle au 20ème siècle : Tchaïkovski, Mussorgski, Piazzolla, Kusjakov… Nous cherchons aussi à désacraliser la musique classique, à défendre son accessibilité, et nous souhaitons jouer dans des endroits variés : par exemple cet été nous faisons plusieurs concerts dans les cours des résidences de Bron Parilly et Bron Terraillon.

Je suis en duo avec guitare également (Duo Orkeus avec Vincent Duchosal). Dans ce projet  on questionne les limites entre musique savante et musique populaire, en abordant aussi bien des pièces de répertoire (Piazzolla, Ibert), des standards jazz de Hermeto Pascoal, des airs populaires d’Amérique du Sud, et même des chansons françaises !

Je fais partie de We Want Our Money Back, un grand ensemble jazz/rock/musiques improvisées. Les pièces sont écrites par Renaud Vincent, et comprennent une grande part d’improvisation sonore et collective, c’est un dispositif particulier car nous jouons en cercle entourant le public, avec un système de multidiffusion du son.

Je joue aussi dans Mala Ptica, une fanfare d’inspiration balkanique et Stvorlistok, un quatuor mené par Jan Demencik.

La plupart de ces ensembles sont soutenus par le label et collectif Puzzle, qui regroupe plusieurs projets atypiques, et plusieurs musicien·nes ami·es. Cela nous permet d’affronter l’aspect administratif de notre travail (qui est considérable) plus sereinement, d’échanger sur nos pratiques, de nous soutenir les un·es et les autres, sans quoi on peut se sentir parfois très seul·e dans ce métier !

Ce qui me fascine dans la musique : le mélange des styles, la diversité de ce qui existe , le fait qu’il y ait encore beaucoup à inventer, ! En ce moment j’écoute les travaux de Jean-François Vrod (la Soustraction des fleurs notamment), c’est un violoniste qui propose de nouvelles interprétations des musiques traditionnelles. Sinon j’ai des goûts assez éclectiques : j’aime particuièrement les musiques orchestrales du  20ème siècle (Ravel, Prokofiev, Ligeti), mais aussi  Björk (il y a un ensemble de flûte traversière sur son dernier album Utopia), ou John Zorn (Masada Sextet), Charles Spearin (The Happiness Project), Orlando Maraca (musique cubaine) ou Goran Bregovic (Europe de l’Est)…”

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